Pourquoi avoir travaillé sur le rôle de la
Marine de Vichy aux Antilles ?
Le Service historique de la Marine m'a
demandé d'étudier les archives de la commission d'épuration de la
Marine française, afin de répondre à des questions qui sont restées
en suspens depuis la fin de la guerre, notamment celles liées à la
gestion des Antilles sous Vichy. Aux archives de la Marine, au
château de Vincennes, je tombe sur deux cartons qui ne sont pas
cotés, c'est-à-dire pas identifiés. Quand je les ai consultés j'ai
compris que j'étais en présence d'une « bombe » .
C'est une chance qu'avec le temps, les
archives de la commission d'épuration n'aient pas été
détruites!
Oui. En tout cas, à la fin du livre, j'ai
réalisé un inventaire analytique, pièce à pièce, qui permet de
prendre conscience de l'importance de ces archives.
Qu'avez-vous découvert en consultant ces
deux cartons ?
Le plus fascinant, ce sont les témoignages
du personnel servant à bord des navires et qui racontent le
déroulement de ces trois années. Nous sommes en présence de
véritables interrogatoires, très détaillés, comparables à ceux
effectués par la police ou la gendarmerie. Et c'est de
l'instantané, puisque les témoignages racontent des faits survenus
quelques mois seulement avant l'interrogatoire. D'habitude,
l'historien travaille toujours en croisant au moins deux sources
pour s'assurer de la véracité de témoignages. Là, nous avons entre
soixante-dix et quatre-vingts témoignages de marins qui racontent
la même histoire et admettent qu'il y a eu des problèmes de
commandement! Par exemple, sur les mutineries survenues à bord du
Jeanne d'Arc en 1943, on a vingt-cinq témoignages. Ce sont
surtout des témoignages...