Une nouvelle casse sauvage démantelée
Petit-Bourg

Une nouvelle casse sauvage démantelée

Après les opérations coup de poing menées durant ces derniers mois dans le sud Basse-Terre, c'est désormais autour des exploitants de casses sauvages situées autour de la région pointoise de se trouver dans le viseur des forces de l'ordre.

Au total, 75 véhicules ont été retirés de cette casse sauvage, dont 65 épaves.

Sous cette végétation luxuriante, c'est bien une épave de voiture qui est récupérée. Acheminée vers le site de retraitement de la SNR, elle sera dépolluée puis broyée. Les pièces pouvant être recyclées le seront, quant aux autres, elles seront détruites.

Les investigations ont été confiées aux gendarmes de la brigade de Petit-Bourg, qui étaient épaulés dans leur missions par des militaires de la cellule anti-fraude de Saint-Claude, des motards de la BMO des Abymes et d'agents de la Deal.

Les infiltrations d'huile dans le sol témoignent du caractère polluant et dangereux de cette casse sauvage.

Un vrai capharnaüm constitué de pièces auto d'un autre temps ont très vite été découverts par les gendarmes. Cette montagne de déchets se trouvait à l'intérieur du le garage mawon.

Certains véhicules semblent avoir été abandonnés depuis plusieurs années.

En plus des épaves, tous ces déchets ont dû être évacués.

Partout, la même scène de désolation.

Le propriétaire des lieux n'était pas inconnu de la justice. Déjà condamné en décembre 2017, il avait également fait l'objet de plusieurs mise en demeure du préfet.

Assis face à une petite montagne de moteurs cassés d'où coulent des filets d'huile noirâtre, Éric Siméon donne du ton, en ce mardi matin. Il est en colère. Il fait face aux gendarmes venus lui signifier son placement en garde à vue. « Comment ça je pollue ? Et la chlordécone, ça ne pollue pas ça ? De toute façon, il faut bien mourir de quelque chose. Et puis, je suis chez moi. Je fais donc ce que je veux. Faut bien que je vive moi », tempête-t-il sans émouvoir militaires, magistrats du parquet et chauffeurs de la SNR (société nouvelle de récupération) qui ont investi son exploitation. À l'extérieur du garage mawon, situé route de la Grippière, ces derniers, aux commandes de grue ou au volant de gros camions récupèrent des épaves dont certaines, recouvertes par la végétation, semblent avoir été abandonnées depuis des décennies. Au total, les enquêteurs de la brigade de Petit-Bourg, épaulés par des militaires de la cellule anti-fraude de Saint-Claude et par les agents de la Deal, en dénombreront 65 auxquelles s'ajoutent encore 10 autres voitures qui, — « parce qu'elles ne sont pas considérées comme des déchets » — prendront la route de la fourrière.

Un récidiviste

Si le retrait de ces véhicules hors d'usage, squattés par les rats et les moustiques, permet d'assainir rapidement le paysage, la nature, quant à elle, devrait mettre du temps à reprendre ses droits. Les sols resteront durablement souillés par des infiltrations d'hydrocarbures ou des éléments toxiques provenant de vieilles batteries stockées. Pour Éric Siméon, c'est le début des ennuis. Cible des membres du comité opérationnel des polices de l'environnement (Copolen) qui, depuis plusieurs mois, se sont lancés dans le démantèlement de la totalité de ces exploitations illégales, l'homme risque gros. Ce n'est pas un inconnu de la justice. « Il a déjà été condamné en décembre 2017 par le tribunal de grande instance de Pointe-à-Pitre pour des faits similaires. Tout comme il a été averti à de multiples reprises à l'occasion de contrôles et mis en demeure à deux reprises par le préfet, afin qu'il régularise sa situation », glisse le procureur adjoint Michaël Ohoyon. Non sans rappeler la sanction encourue : « Il s'agit de délits au code de l'environnement qui sont punis, au maximum, de 2 ans de prison et 100 000 euros d'amende. »

Le garagiste mawon se voit reprocher l'exploitation d'une installation non-enregistrée, non classée et sans agrément pour pouvoir gérer des déchets polluants. Il est aussi soupçonné de travail dissimulé. « De toute façon, son garage est actuellement en liquidation judiciaire, ce qui lui interdit d'y mener une activité commerciale », poursuit le magistrat.

Des contrôles également sur la Grande-Terre
Eric Siméon n'est pas premier exploitant à être épinglé par les autorités. La région du sud BassTerre a été la première à être concernée par des descentes des forces de l'ordre. Leur action progresse vers la Grande-Terre. « En ce qui concerne le parquet de Pointe-à-Pitre, nous avons déjà mené deux opérations de ce type. La première s'était déroulée en fin de semaine dernière, toujours sur la commune de Petit-Bourg mais à Fougère. Un garagiste exerçait dans les mêmes conditions et qui plus est en zone forestière », explique Michaël Ohoyon. Ce jour-là, une vingtaine d'épaves ont été évacuées. Ces opérations vont se poursuivre. « Ces épaves constituent un problème majeur pour la Guadeloupe. Que ce soit en terme de pollution ou de santé humaine puisque ces véhicules sont des nids à insectes vecteurs de dengue ou de chik. »
 

 

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