L'avenir et la culture en commun du candidat Jean-Luc Mélenchon

L'avenir et la culture en commun du candidat Jean-Luc Mélenchon

François-Xavier Guillerm, notre correspondant à Paris
Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon. • PHOTO DR

Il a manqué 600 000 voix à Jean-Luc Mélenchon pour être qualifié au second tour de la présidentielle en 2017. Cette fois, pour sa troisième tentative, le candidat de la France Insoumise et de l'Union populaire, qui n'a pas oublié ses excellents scores en Guyane et à La Réunion, a pris soin de bien sillonner les Outre-mer avant ce premier tour.

Son programme, « l'avenir en commun », comporte un livret thématique spécifique : « Les Outre-mer à l'avant-garde de la bifurcation écologique et du progrès social ». Selon ce livret, nos territoires sont pauvres, vulnérables, ont été empoisonnés... En un mot, ils ont été abandonnés par la République.

Le projet du candidat est d'en faire « des exemples de développement respectueux de l'harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature ». Le député de Marseille veut mettre fin à l'économie de comptoir dans laquelle les Outre-mer ont été enfermés, il veut conclure des accords commerciaux « honnêtes et équilibrés avec les pays voisins de chaque territoire »... Il veut un plan pluriannuel d'investissement et de développement des services publics (transports, éducation, santé, logement, culture), tels que les ont définis les mouvements sociaux en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique.
Bien sûr l'eau est au cœur de son projet, puisque ce « bien commun » fait l'objet d'un livret thématique à lui seul. Il propose de reconnaître en Guadeloupe et Martinique « le statut de crise sanitaire et écologique concernant l'eau potable et son assainissement » comme, du reste, la contamination au chlordécone. Il promet d'ailleurs la dépollution et la décontamination rapide des sols, un plan sargasse et l'étude de la toxicité réelle sur les populations, la reconversion des agriculteurs vers une agriculture non polluante, l'analyse des sols des jardins créoles afin de d'encourager les pratiques agroécologiques déjà en cours...
Son plan d'urgence sociale « pour vivre décemment » prévoit une augmentation immédiate du Smic à 1 400 euros net, l'extension de la prime de vie chère aux bénéficiaires des minima sociaux, le blocage et la baisse des prix des produits de première nécessité en réformant le bouclier qualité-prix. Mélenchon réaffirme la légitimité des sur-salaires dans les fonctions publiques et veut instaurer un principe de faveur de manière à garantir 50% de recrutements locaux dans tous les corps de la fonction publique.
 

Abandon des sanctions contre le personnel médical

Il veut encore un plan d'urgence contre l'illettrisme et la déscolarisation, la santé publique gratuite pour tous, l'abrogation des lois sur l'état d'urgence sanitaire et l'obligation vaccinale, l'abandon des poursuites et sanctions contre le personnel médical et paramédical, l'encadrement réel des taux de sucre et sel dans l'alimentation, la lutte contre les déserts médicaux... De la même manière que son objectif énergétique est l'autonomie et le 100% renouvelables, il promeut l'autosuffisance alimentaire par un protectionnisme écologique. Une agriculture paysanne écologique et des filières agroalimentaires locales pour remplacer les monocultures d'exportation (banane, canne) par une politique d'incitation aux cultures vivrières.

Jean-Luc Mélenchon propose de renouer avec des projets de transport ferroviaire dans les Outre-mer sur le modèle de feu le projet de tram-train à La Réunion, et pour la continuité territoriale, il soutient une desserte de service public à tarifs réglementés.

Non content de lutter contre la pêche illégale et l'orpaillage clandestin en Guyane, il promet d'annuler définitivement le projet Montagne d'or. Il propose aussi de stopper tout projet touristique et hôtelier susceptible de mettre en péril les paysages et la biodiversité y compris marine, même chose pour l'extension des grandes zones commerciales. Chaque territoire pourra organiser un congrès pour ouvrir la discussion sur les statuts, et chaque territoire pourra aussi conserver le statut de collectivité unique. Son programme Outre-mer commence par une citation d'Edouard Glissant : « Agis dans ton lieu, pense avec le monde. » Le candidat s'est fait remarquer depuis qu'il est en campagne pour ses références multiples à la créolisation et non plus au simple universalisme des Lumières. « Quand je suis né, a-t-il déclaré sur La 1ère, on avait un ancêtre sur dix qui était étranger, aujourd'hui c'est un sur quatre. La France a bougé, a toujours bougé. La créolisation c'est la création d'une culture en commun. »

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