C'est parce qu'elle reliait les distances avec une grande rapidité qu'un Béké la surnomma Man Latè, en référence au nom de l'avion Latecoere de l'époque. Elle nous ouvre son coeur.
Quels sont vos souvenirs d'enfance ?
ANNE PÉTRONILLE TRON, DITE MAN
LATÉ. Je suis née à Bas-Mission, au Lamentin. A l'époque
c'était de grands champs de canne. Il n'y avait rien d'autre. Tout
le monde travaillait la terre. Il n'y avait aucune autre activité.
C'est pour cela que je dis souvent que je suis une enfant de la
terre.
J'ai perdu ma mère alors que je n'avais que
14 ans. Mais elle a eu le temps de m'apprendre des recettes pour
soigner ou entretenir le corps. Elle m'a transmis un peu de son
savoir sur les plantes. C'est comme ça que j'ai connu les rimèd
razié (1). Elle insistait beaucoup sur les soins à donner aux
enfants. Vous savez, il y a des tranches d'âge qui sont très
difficiles à passer. Il faut connaître les médicaments qui peuvent
aider à supporter les maladies infantiles. Il y a aussi les
blessures liées à des accidents domestiques ou sur le lieu de
travail.
Et comment s'organisait la vie à
Bas-Mission ?
On s'entendait très bien. Il n'y avait
jamais d'histoires entre les familles. Chacun veillait sur les
enfants des autres. On était comme une seule grande famille. Mais
le travail était intense : il n'y avait pas de repos la journée.
Malgré les conditions de vie très dures, nous étions solidaires, de
telle sorte que nous ne manquions de rien....