Plusieurs associations d'Outre-mer interpellent Emmanuel Macron au sujet du chlordécone

Plusieurs associations d'Outre-mer interpellent Emmanuel Macron au sujet du chlordécone

Par François-Xavier GUILLERM, à Paris

Plusieurs associations ultramarines, réunies sous le vocable de Coordination des associations Outre-mer, ont adressé au président Emmanuel Macron une lettre ouverte dénonçant ses « hésitations et revirements » au sujet du chlordécone.

« Monsieur le Président, sur quels travaux scientifiques vous appuyez-vous pour contredire les résultats publiés d’enseignants-chercheurs et chercheurs du CHU de Pointe-à-Pitre et de l’Inserm ? ». Ainsi les signataires d'une nouvelle « Coordination des associations Outre-mer » interpellent-ils, dans une lettre ouverte, le président Macron, à la suite des propos qu'il a tenus le 1er février, en présence des maires et parlementaires d'Outre-mer réunis à l'Élysée. « Il ne faut pas dire que c’est cancérigène […] parce qu’à la fois on dit quelque chose qui n’est pas vrai et on alimente les peurs », avait déclaré Emmanuel Macron, provoquant l'indignation de Victorin Lurel et Joël Beaugendre alors que le même Macron avait déclaré le 27 septembre dernier, en Martinique, que la pollution au chlordécone était un « scandale environnemental et qu’il fallait ouvrir un processus de reconnaissance ».
« Pensez-vous nous rassurer avec ce type de déclarations, interrogent les signataires. Vos hésitations et revirements heurtent dans leur dignité les populations ultramarines concernées qui sont en droit d’attendre protection et informations vérifiées de la part de l’État, comme chaque concitoyen de la République. »

Des mesures d'indemnisation
On le sait, depuis, l'Élysée a justifié son point de vue sur l'empoisonnement au chlordécone via le directeur général de la Santé, qui déclare dans les colonnes de FA Guadeloupe « qu’il y a de fortes présomptions d'un lien entre l'exposition à la chlordécone et la survenue du cancer de la prostate ».
Dans leur lettre ouverte, les signataires exigent que « les maladies liées à l’intoxication au chlordécone soient reconnues comme maladies professionnelles et que des mesures d’indemnisation soient prises rapidement ». Ils attendent « la mise en place d’une campagne de dépistage d’ampleur des populations afin qu’elles puissent faire valoir leurs droits devant la justice ». Ils souhaitent enfin que dans la future proposition de loi portant création d’un fonds d’indemnisation des victimes de produits phytopharmaceutiques, le cas des victimes antillaises soit examiné en priorité, compte tenu de l’ampleur du risque sanitaire et économique dans nos territoires ».
L'enjeu de cette loi, c'est, pour citer le président, « l'ouverture de catégorie de maladie professionnelle ». « Ça ne veut pas dire, a-t-il déclaré, que je me suis engagé à indemniser tous les gens qui vivaient dans les endroits où on a utilisé la chlordécone. Non ! Ça se serait irresponsable de ma part et on ouvrirait une sorte de guichet sans limite, avec des effets d'aubaine impossibles… »

Un décret attendu en juin
Le seul engagement pris par le président est celui « d'ouvrir un guichet où les gens vont pouvoir aller devant le médecin pour dire qu'en tant qu'ouvriers agricoles, ils ont été exposés pendant des années à l'utilisation de la chlordécone, pour faire reconnaître leur maladie professionnelle ». En conséquence, le 1er juin, un décret sera pris pour que les gens puissent commencer à soumettre leur dossier de reconnaissance de pathologie professionnelle à partir du moins de juillet.
La coordination Association Outre-mer regroupe peu ou prou les mêmes associations que le CReFOM, à savoir le CM98, Accolade, Les amis du Gosier, Agora Karayb, l'Unom, Amitag de Meaux, Kwak, Planet Caraibes, Nutricréole, Collectifdom, Karaib +.
Son bureau est composé de Marie-Line Mormin de Tous creoles !, Gina Dolium des Antillais de Creil, Oudi Joseph Serva d'Influence Outre-mer, Viviane Romana et Greg Germain.

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