À son retour en Martinique, des milliers de personnes accueillent — avec fougue — « leur » légende vivante. La liesse était d’autant plus grande que Pavilla n’avait pas foulé la terre de son île natale depuis 15 ans… Voici des extraits d’articles parus entre les 26 et 29 mai 1967.
Extraits de l'interview accordée à notre journal à l'époque.
On a dit beaucoup de choses sur les raisons de votre défaite. Qu’en est-il exactement ?
Ma défaite, je sais, a déçu bien des supporters, mais je n’ai pas à en rougir. J’ai boxé avec un très grand champion. Il était plus fort que moi, il m’a battu, c’est très net et c’est normal.
Pourtant à Paris vous aviez obtenu le nul ?
À Paris, les juges avaient décrété le nul mais j’avais gagné. Pas de beaucoup, il est vrai, mais j’avais gagné tout de même, j’en suis certain. Mais entre le Cookes de Paris et de celui de Dallas, il avait une différence. Ce n’était plus le même boxeur.
Avant le jet d’éponge aviez-vous souffert ?
Pas tellement. Il me dominait bien sûr, mais ne m’avait jamais véritablement éprouvé. Au 10e round, j’avais 3 ou 4 points de retard et je pensais toujours à la faveur des cinq rounds suivants pouvoir renverser la situation.
Et le 10e round ?
D’un seul coup, Cookes m’a surpris, j’ai été gravement touché et j’ai commis l’erreur de ne pas mettre le genou à terre et de me laisser compter huit pour pouvoir récupérer. Au contraire, je suis retourné à la bagarre de plus belle m’exposant dangereusement. Quand M. Bretonnel (ndlr : son entraîneur) a lancé sa serviette sur le ring, je pouvais encore tenir mais ça n’aurait servi à rien. J’aurai pu prendre un très mauvais coup qui m’aurait empêché de conquérir le titre européen que détient l’Italien Carmelo Bossi depuis sa victoire sur Josselin.
Pensez-vous pouvoir battre Cookes un jour ?
Nul n’est imbattable et d’ailleurs je l’ai déjà battu. Je veux maintenant redevenir son challenger. Il me faut d’abord défendre mon titre de champion de France face à Lucien Fernandez.
Votre impression sur la Martinique ?
En quinze ans, l’île a beaucoup changé. L’autoroute, tous ces immeubles modernes. Évidemment le charme y a beaucoup perdu, mais je suis très content que mon pays suive d’aussi près la voie du progrès. Mes supporters ont été merveilleux, vraiment je ne pensais pas à un tel accueil. Jamais je n’oublierai cela…
* article paru le 26 mai 1967
Depuis ces instants, le boxeur continue de vivre quelques-unes des plus belles journées de sa vie. Il a maintenant retrouvé les liens familiers de son enfance, revu tous ses parents, ses amis et a goûté les délices du splendide Hôtel Bakoua.
La partie officielle s’achève maintenant et après le combat de boxe de samedi au Fort Saint-Louis et le coup d’envoi de la finale hier après-midi, Pavilla va maintenant rentrer dans l’ombre et se consacrer tout entier à sa famille et vivre enfin son intimité.
Nous revenons sur les photos de sa visite, à la fin de la semaine dernière où notre sympathique champion est venu à « France-Antilles » nous rendre visite et voir comment fonctionnait le quotidien, avec son épouse et Jean Bretonnel son manager."
* article paru le 29 mai 1967
* article paru en mai 1969