Une usine d'embouteillage de gaz dans l'Ouest en juin 2023
La Sara revient sur ses projets pour la Guyane à l'horizon 2030 : production de biocarburants avec des espèces endémiques, développement de l'hydrogène et volonté de se rapprocher des réalités du territoire pour faire de la Sara, une société totalement guyanaise.
Le stockeur et fournisseur de carburants est pleinement lancé dans la transition énergétique qui doit voir l'arrêt de la production des moteurs thermiques en 2035.
“C'est pour cette raison que nous avons lancé le slogan :”2030 c'est maintenant”. C'est une date ni trop prés, ni trop loin. Un projet industriel se monte en quatre ans donc on peut se tromper une fois mais pas plus”, explique Oliver Cotta.
Pour ne pas se tromper, la direction de l'entreprise s'est rendue sur le fleuve Maroni pendant une semaine. Elle a visité les villages amérindiens en amont de Maripasoula puis a descendu le Lawa jusqu'à Grand-Santi. Elle a pu voir que les carburants en provenance du Suriname sont devenus la norme là-bas malgré les problèmes causés au moteur à cause de la non compatibilité aux normes européennes de l'essence.
Elle a pris conscience de l'explosion démographique dans cette région et de la sous-capacité des solutions énergétiques comme les kits EDF fournis dans les écarts de Grand-Santi qui apportent de l'électricité pendant quelques heures.
Premier pas dans cette direction en faveur de l'Ouest : la création d'une société d'embouteillage de gaz GPL (gaz de pétrole liquéfié comme le butane ou le propane) à l'horizon de juin 2023. Un terrain de 1 200 hectares a été trouvé à Mana. La station occupera trois hectares, les reste sera dédié au projet Hydrane (lire ci-dessous). Un second pas pourrait être la création d'un port dédié dans l'Ouest. Pour ce projet qui a rencontré le refus du village Paddock, il n'existe pas encore d'alternative. “Toute région qui souhaite se développer doit posséder un port dédié aux marchandises, aux vecteurs énergétiques. Cela permet le développement d'une petite industrie, de fixer une partie de la jeunesse dans des métiers d'avenir. Après comment et où doit se situer cet outil ? Cela ne nous appartient pas”, analyse Alain Cotta.
La Sara préfère donc se concentrer sur ce qu'elle peut contrôler. Elle ne souhaite plus se disperser ni faire du green washing mais plutôt avancer des solutions nécessaires à la transition énergétique. Le secteur a été densifié par l'embauche d'une ingénieure et docteur dans le méthane et les biocarburants.
Un partenariat se met en place avec l'université de Guyane pour envisager des formations dans ce secteur.
Il y aussi le projet Savanes à Sinnamary pour la production d'algues, de biocarburants de troisième génération et de capture de CO2. Un projet d’environ 3 millions d’euros. Cinq emplois seraient concernés.
Des projets qui peuvent espérer voir le jour depuis que l'amendement 33 a été voté au parlement européen, mercredi dernier.
Dernier chantier : celui de la communication et la fin de l'opacité du prix des carburants en Guyane.
“Je m'inscris en faux. Il n'y a aucune opacité. Le décret Lurel est accessible. Sara touche une rémunération de 3 centimes d'euro, plus 20 centimes pour le coût de production. Le prix de la matière est fixé selon le cours en bourse donc cela ne changerait rien qu'elle vienne du Suriname ou de Norvège. Nous sommes contrôlés deux fois par an par l'inspection générale des finances. Nous mettons en place une politique de communication qui veut expliquer et non ps justifier la formule qui fixe les prix. Elle est compliquée à comprendre car elle est vertueuse. Elle limite les revenus du distributeur, à savoir nous et instaure un prix maximum aux vendeurs”, souligne Olivier Cotta.
Dorénavant, la Sara veut “faire ce qu'elle dit” et le faire savoir. Alors que les Antilles perdent des habitants au contraire de la Guyane, le développement de l'entreprise se joue de plus en plus chez nous. Une perspective qui n'échappe pas au groupe français détenu majoritairement par le groupe Rubis. Ce dernier veut faire de la Sara Guyane une véritable société guyanaise. Un directeur guyanais devrait prendre les rennes des terminaux de Dégrad-des-Cannes et de Kourou d'ici décembre.