Une usine d'embouteillage de gaz dans l'Ouest en juin 2023
Energie

Une usine d'embouteillage de gaz dans l'Ouest en juin 2023

Gérôme GUITTEAU ; g.guitteau@agmedias.fr
Olivier Cotta, directeur général et Frédéric Dupelin, directeur régional Guyane ont fait le point sur les projets de la Sara, vendredi. Ils ne parlent plus de la Sara mais de Sara sans article défini comme on le fait pour Nike ou d'autres marques. "Nous ne sommes pas une institution comme La Poste ou une ONG. Nous sommes une entreprise et notre nom c'est Sara", précise le DG.
Olivier Cotta, directeur général et Frédéric Dupelin, directeur régional Guyane ont fait le point sur les projets de la Sara, vendredi. Ils ne parlent plus de la Sara mais de Sara sans article défini comme on le fait pour Nike ou d'autres marques. "Nous ne sommes pas une institution comme La Poste ou une ONG. Nous sommes une entreprise et notre nom c'est Sara", précise le DG. • G. GUITTEAU

La Sara revient sur ses projets pour la Guyane à l'horizon 2030 : production de biocarburants avec des espèces endémiques, développement de l'hydrogène et volonté de se rapprocher des réalités du territoire pour faire de la Sara, une société totalement guyanaise.

“Nous sommes en amont de la chaîne [de l’énergie] en Guyane depuis cinquante ans. Il est donc normal que nous allions au plus près de la population pour connaître leurs besoins. Nous ne sommes pas seulement des stockistes mais des fournisseurs de vecteurs énergétiques et dans ce cadre nous voulons être un acteur majeur dans la transition écologique.
Le mot est lancé par Olivier Cotta, le directeur général de la Sara (Société anonyme de raffinerie des Antilles) lors de la conférence de rentrée, organisée dans leurs locaux à Dégrad-des-Cannes, vendredi 16 septembre.
Le stockeur et fournisseur de carburants est pleinement lancé dans la transition énergétique qui doit voir l'arrêt de la production des moteurs thermiques en 2035.
C'est pour cette raison que nous avons lancé le slogan :”2030 c'est maintenant”. C'est une date ni trop prés, ni trop loin. Un projet industriel se monte en quatre ans donc on peut se tromper une fois mais pas plus”, explique Oliver Cotta.

Pour ne pas se tromper, la direction de l'entreprise s'est rendue sur le fleuve Maroni pendant une semaine. Elle a visité les villages amérindiens en amont de Maripasoula puis a descendu le Lawa jusqu'à Grand-Santi. Elle a pu voir que les carburants en provenance du Suriname sont devenus la norme là-bas malgré les problèmes causés au moteur à cause de la non compatibilité aux normes européennes de l'essence.
Elle a pris conscience de l'explosion démographique dans cette région et de la sous-capacité des solutions énergétiques comme les kits EDF fournis dans les écarts de Grand-Santi qui apportent de l'électricité pendant quelques heures.
"Nous devons anticiper davantage"
Je n'ai pas l'habitude de me résigner. L'une des missions de notre délégation de service public est de pouvoir délivrer des carburants aux normes européennes partout et au prix le plus raisonnable possible. A ce titre, il n'est pas normal qu'une bouteille de gaz qui se vend à 24 euros, un prix déjà important coûte 100 euros à Maripasoula. Nous devons répondre à cette explosion démographique. Nous devons anticiper davantage en pensant à produire des solutions en surcapacité aujourd'hui. Ce qui n'est pas le cas mais c'est plus facile à dire qu'à faire”, se défend le DG.

Premier pas dans cette direction en faveur de l'Ouest : la création d'une société d'embouteillage de gaz GPL (gaz de pétrole liquéfié comme le butane ou le propane) à l'horizon de juin 2023. Un terrain de 1 200 hectares a été trouvé à Mana. La station occupera trois hectares, les reste sera dédié au projet Hydrane (lire ci-dessous). Un second pas pourrait être la création d'un port dédié dans l'Ouest. Pour ce projet qui a rencontré le refus du village Paddock, il n'existe pas encore d'alternative. “Toute région qui souhaite se développer doit posséder un port dédié aux marchandises, aux vecteurs énergétiques. Cela permet le développement d'une petite industrie, de fixer une partie de la jeunesse dans des métiers d'avenir. Après comment et où doit se situer cet outil ? Cela ne nous appartient pas”, analyse Alain Cotta.

La Sara préfère donc se concentrer sur ce qu'elle peut contrôler. Elle ne souhaite plus se disperser ni faire du green washing mais plutôt avancer des solutions nécessaires à la transition énergétique. Le secteur a été densifié par l'embauche d'une ingénieure et docteur dans le méthane et les biocarburants.
Le projet Hydrane rentre en phase pilote
Le projet Hydrane de Guyane à Mana devrait vers 2030 produire du biogaz et de l'hydrogène vert à partir de biomasse endémique cultivée soit de la Jacinthe d'eau douce ou des algues. Un programme sur 8 ans de 150 millions d’euros, avec une estimation de 90 emplois directs et indirects est avancé. “Le Mexique a déjà une usine de ce type. Nous sommes à un stade avancée. Nous sommes prêts à développer un pilote c'est à dire un test grandeur nature”, se réjouit le directeur de la Sara.
Un partenariat se met en place avec l'université de Guyane pour envisager des formations dans ce secteur.
Il y aussi le projet Savanes à Sinnamary pour la production d'algues, de biocarburants de troisième génération et de capture de CO2. Un projet d’environ 3 millions d’euros. Cinq emplois seraient concernés.
Des projets qui peuvent espérer voir le jour depuis que l'amendement 33 a été voté au parlement européen, mercredi dernier.

Dernier chantier : celui de la communication et la fin de l'opacité du prix des carburants en Guyane.
Je m'inscris en faux. Il n'y a aucune opacité. Le décret Lurel est accessible. Sara touche une rémunération de 3 centimes d'euro, plus 20 centimes pour le coût de production. Le prix de la matière est fixé selon le cours en bourse donc cela ne changerait rien qu'elle vienne du Suriname ou de Norvège. Nous sommes contrôlés deux fois par an par l'inspection générale des finances. Nous mettons en place une politique de communication qui veut expliquer et non ps justifier la formule qui fixe les prix. Elle est compliquée à comprendre car elle est vertueuse. Elle limite les revenus du distributeur, à savoir nous et instaure un prix maximum aux vendeurs”, souligne Olivier Cotta.

Dorénavant, la Sara veut “faire ce qu'elle dit” et le faire savoir. Alors que les Antilles perdent des habitants au contraire de la Guyane, le développement de l'entreprise se joue de plus en plus chez nous. Une perspective qui n'échappe pas au groupe français détenu majoritairement par le groupe Rubis. Ce dernier veut faire de la Sara Guyane une véritable société guyanaise. Un directeur guyanais devrait prendre les rennes des terminaux de Dégrad-des-Cannes et de Kourou d'ici décembre.

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