Vie chère : le Groupe Bernard Hayot botte en touche

Vie chère : le Groupe Bernard Hayot botte en touche

À Paris, Julien Sartre
Les cadres du groupe GBH et Stéphane Hayot, directeur général de GBH
Les cadres du groupe GBH et Stéphane Hayot, directeur général de GBH • JULIEN SARTRE

Auditionné par les députés réunis en commission d'enquête sur la vie chère dans les territoires d'Outre-mer, le Groupe Bernard Hayot (GBH) a réfuté toute « position dominante », toute « marge excessive » et mis en avant ses propres solutions au problème.

Finalement, l'ambiance était cordiale et le ton courtois entre GBH et les députés de la commission d'enquête sur la vie chère. « Nous sommes ici pour faire la lumière sur la situation et non pas pour faire le procès de personnes », prenait tout de même soin de préciser en introduction le président (Renaissance) de la commission d'enquête, le député Guillaume Vuilletet.

L'audition de GBH était très attendue. Semaine après semaine, les tensions et les questions autour de la cherté de la vie dans les Dom s'étaient focalisées sur le groupe martiniquais. Tandis que les autres acteurs auditionnés (transitaires, logisticiens, importateurs, transporteurs, collectivités locales, etc.) se défaussaient intégralement de leurs responsabilités dans ce problème du coût trop élevé de la vie, le problème de la concentration et des marges trop élevées des distributeurs demeurait en suspens.

Acteur majeur de l'économie des Dom, présent en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, le groupe GBH – fort de presque 20 000 collaborateurs dans toutes ces collectivités – faisait figure d'ultime recours à qui demander des comptes. « Lorsque la crise sociale a éclaté en 2009, les distributeurs ont été pointés du doigt pour leurs marges excessives : depuis, les choses ont changé ! », a commencé Stéphane Hayot, directeur général de GBH. « Des études ont été menées par l'Autorité de la Concurrence, dont personne ne remet l'indépendance en cause, et elles ont montré qu'il n'y avait pas de mauvais comportements de notre part, seulement des contraintes liées à l'éloignement des marchés. »

« Où sont les marges ? »

« Marchés trop étroits », « coût du transport », « octroi de mer » : la ligne de défense de GBH était limpide et peut être résumée par ces trois items. Face à Stéphane Hayot, les députés, dont le rapporteur de la commission d'enquête, le député (Nupes) de Martinique Johnny Hajjar, a insisté sur l'importance de la transparence. « Ne pas déposer les comptes comme la loi vous y oblige n'est pas acceptable ! Nous cherchons à identifier les « marges arrière ». Il faudra que vous nous transmettiez la liste de toutes les entreprises du groupe. Il y a des dizaines de petites entreprises dont ne savons pas à quoi elles servent. Nous voulons savoir : où se situent vos marges ? »

Face aux questions précises, Stéphane Hayot s'est abrité derrière le secret des affaires et la nécessité pour lui « de faire comme la majorité des entreprises en France de ne pas déposer les comptes pour ne pas donner d'informations stratégiques à la concurrence ». Il a tout de même répondu au député Hajjar en affirmant « ne pas multiplier les marges pour rester compétitif ».

Aux accusations de position dominante et de quasi-monopole, GBH répond systématiquement que les opérations de concentration ont toujours été validées par l'Autorité de la concurrence et qu'au contraire son action dans les territoires ultramarins stimule la concurrence. « Nous avons six propositions pour lutter contre la vie chère », s'est même avancé Stéphane Hayot, face aux députés. « Production locale, filière animale, intégration régionale... » : les recettes de GBH contre la vie chère sont classiques.

« Nous proposons une péréquation des frais d'approche et de la fiscalité », expliquait Stéphane Hayot en conclusion de son intervention. En résumé, GBH propose de moduler les prix des containers en fonction des produits et de les exonérer d'octroi de mer : « Nous avons identifié 2500 produits de première nécessité dont nous nous engageons à répercuter les baisses à hauteur d'au moins 20% », se félicitait le directeur général de GBH. Faire reposer la baisse de prix sur d'autres acteurs de la chaîne logistique : la stratégie n'est pas nouvelle, y compris à l'échelle de cette commission d'enquête parlementaire. Les députés doivent rendre leur rapport dans les trois prochains mois au plus tard.

Le cas de l'île de La Réunion

Les responsables de GBH ont été interpellés, assez vivement parfois, par les députés réunionnais : le groupe martiniquais a mauvaise presse dans l'océan Indien depuis son rachat en 2020 des actifs du groupe Vindemia. « Nous sommes passés par les fourches caudines de l'Autorité de la concurrence et notre dossier a été examiné comme jamais dans l'Outre-mer », s'est défendu Stéphane Hayot, face aux élus qui lui reprochaient sa position dominante dans l'économie réunionnaise. « Lorsque vous êtes à La Réunion, vous travaillez à La Réunion mais cela ne fait pas de vous un Réunionnais », tenait à lui lancer le député (LFI) Jean-Hugues Ratenon, après que Stéphane Hayot a affirmé dans un même élan être « guyanais en Guyane, guadeloupéen en Guadeloupe et réunionnais à La Réunion. »

 

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