Trois Amérindiens face au juge pour violences sur gendarmes
JUSTICE

Trois Amérindiens face au juge pour violences sur gendarmes

G.T. (g.tringham@agmedias.fr)

Trois Amérindiens Parikweneh comparaissaient hier au tribunal pour des violences sur gendarmes. L'affaire s'inscrit le contexte d'une protestation de placement d'enfants en famille d'accueil. Deux ont été maintenus en détention.

Les faits se sont déroulés dans un village Parikweneh de Macouria, le 13 janvier dernier.

Une assistante de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) détient la tâche difficile de faire comprendre à une famille amérindienne du village que deux enfants de 1 et 2 ans doivent être placés en famille d’accueil. Pendant 40 minutes ils parlementent, mais la tension monte. Et alors que la famille continue à s'opposer, un juge des enfants autorise finalement l’intervention de quatre gendarmes.

« Ils font immédiatement face à des gens très hostiles et insultants… puis la situation dégénère », indique Me Fabienne Landry, avocate des gendarmes. Les forces de l’ordre essuient les coups de trois hommes Parikweneh : le père des enfants, son frère et le père de ces deux derniers (un homme de 74 ans ndlr). Un gendarme reçoit un coup de râteau, un second ressort avec un auriculaire cassé, un autre est la cible d’autres coups.

« Ce genre de situation n’est jamais plaisante, mais ils ne se ressaisissent pas. Il y a pourtant d’autres armes pour se défendre que la violence, notamment la voie juridique », rappelle Me Landy, bâtonnière de l’ordre des avocats de Guyane.

 

"Ils ont l’habitude d’évoluer avec le droit coutumier"

Les trois Amérindiens sont interpellés et placés en détention provisoire dans la foulée pour « violence aggravée. » Les deux enfants sont placés en famille d’accueil. Il était reproché à la famille de vivre dans un milieu inconfortable avec un manque d’hygiène. Un contexte de violences conjugales avait également été signalé au juge des enfants.

Pour les accusés, Me Akim El Allaoui a mis en avant « une réaction instinctive du père et de la famille. » Avant d’ajouter : « Ce sont des individus qui ont l’habitude d’évoluer avec le droit coutumier. Ils ne comprennent pas qu’on leur enlève des enfants pour raisons d’hygiène. »

L’avocat a également évoqué la situation difficile pour la mère des deux enfants, elle-même mineure, à 17 ans. « Elle vit mal le fait d’être privée de ses enfants. » Elle refuserait actuellement de s’alimenter et pourrait « faire une bêtise » qui mettrait en jeu sa vie personnelle. Cette dernière se satisfait peu du droit de visite mensuel qui lui a été accordé. Me El Allaoui a signalé au procureur la difficulté et le danger potentiel qui se présente pour la mère.

 

Les deux frères en détention

Au cours de la procédure, les trois hommes accusés reconnaissent leur culpabilité. Le ministère public demande le maintien en détention de chacun. Et si aucun d’entre eux n’avait eu de problèmes avec la justice jusqu’à présent, la violence aggravée envers un militaire ne peut être excusée pour la juge. Les deux frères ont finalement été condamnés à six mois de maintien en détention.

À 74 ans, le troisième a obtenu, « au regard de son âge », un sursis simple de 12 mois. Enfin, pour les gendarmes, la question n’est pas de se satisfaire ou non de la peine. « Ils ont été victimes, on ne ressort jamais indemne de ce type d’intervention », conclut Me Landry.
 

Suivez l'info en temps réel
sur l'appli France-Guyane!

Télécharger