Jeudi 19 janvier : Une grève qui mobilise
REFORME DES RETRAITES

Jeudi 19 janvier : Une grève qui mobilise

Samuel ZRALOS et Nancy LAFINE, n.lafine@agmedias.fr
Manifestations des grévistes à Kourou
Manifestations des grévistes à Kourou • DR

Entre Cayenne et Saint-Laurent en passant par Kourou, plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce matin en réponse à l'appel national à la grève contre la nouvelle réforme du gouvernement Borne.

 

A Saint-Laurent, dès 9h, ils sont déjà environ deux cent sur le rond point à l'entrée de la ville, drapeaux guyanais ou syndicaux au vent et pancartes entre les mains. La colonne de grévistes s'élance dans le calme pour une traversée plutôt rapide du centre-ville, avant de s'arrêter devant le portail de la sous-préfecture.

Comme dans l'hexagone, « tous les syndicats sont réunis » pour s'opposer à la réforme, souligne Olivier Maignin, secrétaire général de la section UTG du Centre hospitalier de l'ouest guyanais (Chog).

« Faire passer l'âge de la retraite à 64 ou 65 ans, on trouve ça injuste », explique le syndicaliste, car « beaucoup de guyanais n'y auront pas droit » et que « ça bloque l'arrivée à l'emploi des jeunes ».

 

Plus de deux cent saint-laurentais ont manifesté ce matin dans le centre ville de la capitale de l'ouest, en réponse à l'appel national à la grève contre la nouvelle réforme du gouvernement Borne. Si la fonction publique était majoritaire sur le pavé, des salariés du privé se sont joint au mouvement. • SZ

 

  • « Reculer l'âge de la retraite ne va pas aider »

Une problématique particulièrement criante dans l'ouest guyanais, où environ la moitié de la population a moins de 18 ans.

Quelques mètres plus loin, Caroline Maurice ne dit pas autre chose. L'institutrice qui « manifeste pour tous qui voient leur retraite s'éloigner, qui vont crever au boulot », rappelle que « beaucoup de travailleurs galèrent » sur le territoire et ne tiendront peut-être pas jusqu'à 65 ans sans se reposer.

« Le taux de chômage en Guyane est extrêmement élevé, les jeunes ne trouvent pas de travail, reculer l'âge de la retraite ne va pas les aider », embraye Anaëlle Metzger, secrétaire adjointe à la formation à l'UTG, alors que les prises de parole se succèdent devant la sous-préfecture.

La militante, refuse de voir son père « sur un chantier à 64 ans », après toute une vie dans le BTP. Une inquiétude qui fait écho à un chiffre souvent répété en hexagone : à 62 ans, un quart des travailleurs pauvres sont décédés, un tiers à 64 ans.

  • Le privé dans la rue

Si les fonctionnaires constituent le gros du mouvement ce matin, certains employés du privé sont à leur côté.

Ils « ne peuvent souvent pas manifester » par manque de moyens mais « n'en pensent pas moins », affirme ainsi Nelly Polonie, salariée sur Saint-Laurent.

Le système des retraites « est déjà payé » et à l'équilibre dans la majorité des scénarios rappelle celle qui « a l'impression de financer la mauvaise gestion de l'Etat » et juge nécessaire une véritable « réforme du capitalisme ».

En attendant, une délégation de syndicalistes est très brièvement reçue par le sous-préfet, à peine le temps pour ce dernier de « prendre acte » du mouvement et de « faire remonter l'information au préfet », raconte Claire Albert, co-secrétaire de Sud-éducation.

Les manifestants repartent pour un dernier tour du rond-point et surtout se donnent rendez-vous la semaine prochaine, pour continuer leur lutte.

 

Des centaines de personnes à Kourou

Simultanément à Kourou, plusieurs centaines de manifestants défilent aussi dans la rue pour exprimer un mécontentement général face à la nouvelle réforme des retraites.

Les grévistes kourouciens 
A Kourou, le rendez-vous était donné à 9h00 ce jeudi devant la mairie. • DR
L'essentiel de la grève à Cayenne

À Cayenne, c’est devant la caserne des pompiers que le coup d’envoi est donné.

Également avec des pancartes, des banderoles ou des parapluies à la main, les grévistes parcourent toute l’avenue de Gaulles avant de se rendre sur le parvis – barricadé - de la Préfecture. Une délégation intersyndicale y est reçue par le préfet, Thierry Queffelec.

 

  • Des revendications communes

 « Partir dignement à la retraite sans nous demander de travailler plus », c'est ce que demande Christophe Madère de l’UNSA.

Qui ajoute : « Dans ce département où il y a 40% de chômage, on ne peut pas demander à ceux qui sont arrivés à l’âge de la retraite de continuer à travailler ».

« Premièrement il y a les moyens de faire partir les gens à la retraite à 62 ans, voire moins et ensuite il faut penser à la santé des personnels. Ce n’est pas possible que les travailleurs partent à la retraite à 64 ans », argumente de son côté Bruno Niederkorn, du STEG-UTG.

  • Une prochaine date de grève ?

Contacté par téléphone, Yannick Xavier de l’UTG se dit « largement satisfait de cette mobilisation. Il y avait entre 500 et un millier de personnes à Kourou, 500 et 800 personnes sur la fin du parcours à Saint-Laurent.  À Cayenne il y avait plus de 2500 personnes ».

Si aucun chiffre officiel n'est communiqué pour le moment, la préfecture estime plutôt à 1500, le nombre des participants à Cayenne. Pour  le rectorat, la mobilisation des enseignants s'élève à 44.01% dans le premier degré contre 26,68% dans le second. 

Concernant la suite de la grève, l’intersyndicale se réunit dès ce vendredi à 18h00 pour prendre une décision ensemble.  

 

 

 

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