« C'est aux décideurs politiques de faire preuve de courage ou de folie »
CENTRALE ELECTRIQUE DE L'OUEST GUYANAIS

« C'est aux décideurs politiques de faire preuve de courage ou de folie »

Propos recueillis par Gérôme GUITTEAU g.guitteau@agmedias.fr
Christophe Yanuwana Pierre est l'une des figures du réveil politique amérindien qui rejaillit après celui de 1984.
Christophe Yanuwana Pierre est l'une des figures du réveil politique amérindien qui rejaillit après celui de 1984. • GG

Christophe Yanuwana Pierre, l'une des figures de la résistance kali'na au projet CEOG répond à longuement à France-Guyane. Il revient sur la genèse du conflit et répond aux critiques concernant les soutiens écologistes européens.

Quelles sont les raisons qui vous ont amené à changer votre opinion sur le projet de centrale électrique de l'Ouest guyanais (CEOG ) ?

Je n'ai pas changé d'opinion sur le projet CEOG. Je pense qu'il est intéressant d'un point de vue technologique de ce que Sylvain Charrier m'avait expliqué en 2019. C'est le versant politique qui était discutable et qui aujourd'hui est devenu catastrophique. J'ai suivi le début du dossier dans le cadre de mes missions au sein du Grand Conseil Coutumier (GCC). Après j'ai posé ma démission en février 2020, qui finalement ne sera traitée qu'en décembre 2021 à cause du refus des chefs coutumiers.
Les porteurs de projets ont été hyper-maladroits et incorrects à plusieurs reprises sous les conseils d'Alain Cyrille. Ils pensaient que parce qu'il est Guyanais, il connaissait quelque chose du monde autochtone. Il ne suffit pas d'annoncer un match de foot et de promettre l'achat de colliers en perles pour obtenir la confiance des habitants. Les premières propositions de mesures compensatoires étaient de ce niveau, pour ma part je trouvais ça insultant, mais c'était à la communauté de se prononcer.

« C'est respecter la souveraineté et l'autodétermination »

Le 13 octobre 2019, il y a eu la première présentation du projet au village. Les habitants sont présents ainsi que les chefs coutumiers Kali'na. Un reportage de Chronique du Maroni la relate. Ensemble, ils reconnaissent la pertinence et la nécessité du projet mais pas à cet endroit. J'ai pris mes distances avec ce dossier à ce moment-là car pour moi, c'était plié. Le responsable de Meridiam [la société qui finance la CEOG] nous avait dit qu'il ne pouvait pas financer un projet s'il y avait une opposition de la communauté, que cela était inscrit dans leur charte et bla bla bla.
En juillet 2021,...

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