« Il y a tout à faire pour que la pêche se porte mieux »
Daniel, poissonnier au MIR (Marché d'intérêt régional) depuis 20 ans 

« Il y a tout à faire pour que la pêche se porte mieux »

Propos recueillis par Nancy LAFINE n.lafine@agmedias.fr
Daniel est poissonnier au MIR depuis 2003.
Daniel est poissonnier au MIR depuis 2003. • NL

Daniel, ancien marin-pêcheur est devenu poissonnier, il y a plus de vingt ans. Il dresse un bilan sévère de l'activité en Guyane.

Vous êtes poissonnier au MIR  (Marché d'intérêt régional) depuis son ouverture, comment se porte le métier aujourd'hui ? 

En 2003, lors de la création du MIR, il y a eu beaucoup de promesses. Il était question par exemple de créer une route pour que les bus circulent jusqu'ici. Manque de pot, cette route n'a jamais été réalisée et ce marché aux poissons se retrouve totalement enclavé. Ce n'est pas une plaque tournante, c'est un cul-de-sac... Pour y venir, il faut vraiment en avoir envie. C'est un problème que nous avons parmi tant d'autres !

Quels sont ces autres problèmes ? 

Il y a forcément la pêche clandestine avec des pêcheurs qui viennent d'ailleurs prendre du poisson et qui repartent avec. Il y a un gros impact sur les quantités. La réglementation est également différente. Nous avons droit à 2 km 500 de filet par bateau, eux, arrivent souvent avec le double. Ils vont pêcher de nuit dans des zones dites interdites... C'est ce qu'on appelle de la mauvaise concurrence ! De plus, il y a très peu de main-d'œuvre locale. Depuis plusieurs années, cette main-d'œuvre étrangère souffre de non-reconduction de titre de séjour par exemple, ou encore, les gens préfèrent travailler au black. J'ai moi-même été pécheur. J'ai commencé en 1995 et en 2017-2018, avec l'arrivée des difficultés, j'ai abandonné la pêche au profit de la revente. Maintenant, j'achète du poisson à mes anciens collègues. 

Il faudrait faire quoi pour que le secteur se porte mieux ? 

Malheureusement, il faudrait tout faire en même temps. Il n'y a plus d'emploi, on n'a pas de bateaux, il n'y a pas d'école de formation... on n'a rien. C'est un meuble à tiroirs, et il faut tous les ouvrir. Il y a tout à faire  pour que la pêche se porte mieux.

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