« Le programme est recta » : Christian Marchand, directeur d'Air Guyane répond aux Maripasouliens

« Le programme est recta » : Christian Marchand, directeur d'Air Guyane répond aux Maripasouliens

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Depuis plusieurs années, les habitants de Maripasoula réclament plus de vols et incriminent Air Guyane, seule compagnie sur le marché aérien de l'Ouest et de l'Est guyanais.
Depuis plusieurs années, les habitants de Maripasoula réclament plus de vols et incriminent Air Guyane, seule compagnie sur le marché aérien de l'Ouest et de l'Est guyanais. • ARCHIVES FRANCE GUYANE

Depuis la fin du mois de juillet et par intermittence, tous les vols au départ de Maripasoula sur ce mois d’août affichent complet. Les habitants, impuissants, ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour exprimer leur mécontentement accusant Air Guyane de ne pas assurer ses obligations de service auprès des résidents.

 « Il n’y a pas de place parce qu’ Air Guyane n’est pas payé pour. Nous avons un contrat pour 37000 sièges par an, pas un de plus. Le programme est recta (…) », affirme le président d’ Air Guyane, Christian Marchand.
 
   Le 1er avril 2021, juste avant les élections territoriales, la compagnie aérienne signe une délégation de service public (DSP) pour les cinq prochaines années avec un budget annuel fixe qui prévoit une rotation de trois à six vols par jour soit un total de 37 000 sièges par an. Jusqu’à cette date, chaque passager transporté correspondait à autant de bénéfices pour la compagnie. Pour Christian Marchand, « le programme du mois d’août est conforme à la DSP. Nous allons quand même mettre des vols supplémentaires mais on ne peut pas faire ça systématiquement. L’année dernière nous avons déjà perdu de l’argent. »

 Pour une partie de la population maripasoulienne, la DSP n’aurait jamais dû être signée en l’état puisque dès 2009, le volume de passagers sur la desserte Maripasoula-Cayenne est estimé à 36 000 sièges par an. Par ailleurs, les habitants dénoncent l’absence de concurrence qu’ils vivent comme « une prise en otage ».
   « Je ne souhaite pas renégocier avec cette compagnie qui n’a rien fait pour le service après-vente », nous confie une habitante, « tu appelles, tu n’as personne. Cela fait maintenant vingt ans que Air Guyane a le monopole, je ne peux pas accepter que ce soit la seule compagnie sur le marché. Ils font la pluie et le beau temps et nous, nous subissons. » Depuis plusieurs années, les habitants réclament notamment des locaux frais et secs pour le stockage des produits réfrigérés ainsi que la possibilité de réserver sur internet pour les résidents.

   Air Guyane, créée en 2002 et seule entreprise du marché aérien de l’est et de l’ouest guyanais, assure servir au mieux les intérêts de la population. « Quand il y a dix personnes qui ne trouvent pas de place, on peut ouvrir quelques vols supplémentaires, en particulier le vendredi matin et le dimanche mais ce n’est pas extensible », précise l'homme d'affaires.
    L’entreprise met en avant ses coûts de fonctionnement, 70 salariés, les licences de pilotes de ligne, auxquels s’ajoutent les horaires de vol de l’aérodrome de Maripasoula ouvert à la circulation aérienne entre 8h et 17h30 seulement.
 
La collectivité, seule gestionnaire des aéroports et des aérodromes
  Entre 2009 et 2021, le trafic aérien n’a cessé de croître et a presque doublé. Or sur cette décennie, les aérodromes de l’intérieur n’ont pas été réaménagés, dénonce le directeur de la compagnie aérienne. « Si vous allez dans les îles du Pacifique, les aéroports sont balisés, ils sont bitumés, les avions circulent de jour comme de nuit. Qu’est-ce qui a été fait en dix ans en matière d’aménagement du territoire en Guyane pour moderniser les aérodromes et développer le service aérien ? Et d’ajouter, « si la collectivité n’a pas de puits sans fonds pour financer les lycées, les routes, le transport aérien, Air Guyane n’a pas non plus vocation à travailler à perte. »

  À la collectivité, Chester Léonce demande la mise en place d’un avenant à la DSP afin d’augmenter la capacité de vol de la compagnie et rappelle que la CTG participe à hauteur d’un million par an. Il affirme avoir entamer des discussions avec la population afin de définiir les points d'amélioration du service pour les résidents et offrir un vrai service de fret entre Cayenne et l'Ouest.
 
L’avion de transport régional (ATR) arrête les dessertes Maripasoula-Cayenne
 Il y a à peu près trois semaines, une personne dont l'identité ne nous a pas été communiquée, aurait alerté la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et déclarer qu’ Air Guyane utilisait un ATR dans des conditions anormales, avec peut-être la mise en danger de la vie d’autrui. « Ce n’est pas le cas puisque la DGAC autorise l’avion tout en sachant que la sûreté n’est pas encore en place », rassure le directeur général d’Air Guyane, cependant suite à l'instruction du dossier par les services judiciaires, il a pris la décision de ne plus avoir recours à l’ATR.

 Jusqu’à cette date, l’ATR avec ses 42 sièges, au lieu des onze disponibles dans les avions Air Guyane, venait en renfort ponctuellement  en période de fort trafic. Pourtant, « l’ATR utilise cette piste un peu par dérogation, nous précise Christian Marchand (…) il n’est pas dans le programme d’Air Guyane parce que la piste de Maripasoula en l’état actuel des choses n’est pas tout à fait aux normes, eût égard au volume de passagers, plus de 20 000 par an, cet aérodrome doit mettre en place, et c’est une norme européenne, des mesures de sûreté. L’exploitant de l’aérodrome doit s’assurer de l’intégrité total des bagages qui montent dans l’avion. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, j’ai donc décidé, puisque ma responsabilité est en jeu, de ne plus faire circuler l’ATR tant que l’aérodrome ne sera pas aux normes. »
 
Que fait la concurrence ?
 Avant la signature de la délégation de service public (DSP), la collectivité a diffusé un appel d’offres qui ouvrait les marchés aériens de l’Est et de l’Ouest à la concurrence. Pour postuler à ce marché, les entreprises en lice devaient pouvoir fournir une licence et un certificat de transporteur aérien, sur les trois entreprises qui ont répondu à l’appel à projet, seul Air Guyane était en mesure de répondre aux exigences.

 Aujourd’hui les besoins sont là, la population augmente et pour le directeur d’Air Guyane, un peu plus d’un an après avoir signé la délégation de service public, l'heure est à la renégociation à la hausse afin de trouver un compromis satisfaisant pour l’entreprise et les habitants.

 En l’état actuel des choses, le président de la compagnie aérienne prévoit déjà de nouvelles insatisfactions à l’approche des fêtes de Grand Santi et Maripasoula et probablement à la rentrée, du fait de la suspension des travaux sur la piste de Maripasoula.


 

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